Biographie de Joseph Giordan |
Joseph GIORDAN Il est né à Nice en 1878, mais il est issu d'une vieille famille de Saint-Jean Cap Ferrat, hameau de Villefranche à cette époque. Cette origine explique sans doute en partie son amour de la pêche, qu'il chantera dans l'une de ses poésies. Il fit des études secondaires à l'Ecole des Frères de Nice et en 1895, à 17 ans, il entre comme employé à la Société Générale ; homme stable et fidèle, il y demeurera jusqu'en 1934 pour terminer sa carrière comme chef de bureau (nommé à ce poste en 1920). Homme strict et un peu rigide, ses collègues de travail l'avaient surnommé "Giordan faux- col", allusion à sa tenue vestimentaire et sans doute aussi à son caractère droit. Cependant, ce qui va faire de Giordan l'un des plus grands écrivains niçois du XX ème siècle, c'est son amour pour la langue des anciens, alors que ni ses études ni son métier (même s'il parlait souvent en niçois au bureau) ne le prédisposaient à cela.Peut-être pourra-t-on expliquer cette vocation par le fait qu'il a vécu dans son enfance le massacre linguistique provoqué (et voulu) par les lois dites de Jules Ferry (1881) : avant, le Nissart était la langue la plus usitée dans l'ancien Comté, après elles, il y a coupure sans doute irréparable entre les générations anciennes qui ont appris le Nissart au berceau et la jeune génération à qui l'on ne parle plus la langue régionale dans un souci d'efficacité, de promotion sociale française dans le dernier coin de France chronologiquement... car parler le patois, ne fait pas chic, distingué, c'est la langue des paysans... entendra-t-on souvent. Ce problème vital pour notre langue, il le cernera avec beaucoup de justesse dans l'un de ses textes lu à la radio en 1953 (lou nouostre parlà). C'est pourtant elle que Giordan va défendre et illustrer, et cela de plusieurs façons. D'abord en militant activement dans les sociétés qui se sont fait un devoir de promouvoir la langue des anciens. C'est ainsi qu'il entra en 1907 à la toute jeune Academia Nissarda (elle fut fondée en 1904), dont il devint le secretaire général de 1919 à 1941 puis l'estimé président de 1941 à 1962.Ensuite, contrairement à certains Niçois réservés à l'égard de la rive droite du Var, il se lance dans l'aventure félibréenne : membre mantenaire en 1912, il devient en 1928 le premier Majoral niçois, et sera même trésorier du Felibrige de 1937 à 1956. Lui-même fonde une societé félibréenne en 1927 : lou Caïreu, qui publia 10 numéros d'une revue portant le même nom oùl'on trouve des articles variés et des contes en Nissart (la société est dissoute en 1962). Ensuite en acceptant de devenir sans doute (?) le premier enseignant de la langue niçoise dès 1942 (école du Port...), mais surtout de 1944 à 1958 à l'Ecole Polytechnique de Nice (située au début du Boulevard Carabacel, elle a aujourd'hui disparu) : destinés aux adultes, ces cours étaient gratuits ou presque, et il est probable que Giordan fut bénévole dans ce rôle... Mais c'est surtout en écrivant lui-même qu'il illustre de belle manière la langue niçoise. En 1914, il publie un recueil de poèmes, intitulé "lu Terignoun". En 1926, c'est la parution d'un ensemble de petites histoires plus ou moins humoristiques et souvent savoureuses intitulé "D'aquèli dóu Calen". En 1957 il sort un petit livre comportant la traduction niçoise des textes d'Evangile du dimanche : "lu Evangèli". Enfin, en 1968 (parution posthume), c'est la publication du "dictionnaire français-niçois". Outre des textes de conférences, il écrivit dans diverses revues locales (Armana Prouvençau, Nice-Historique, l'Eveil...). Il s'éteint dans son appartement du 10 de la rue Ségurane en août 1963. Jouan Felipe FIGHIERA |